"Et si je lutte encore parfois, ce n'est plus
que contre moi. J'ai appris avec le temps qu'accuser l'autre ne sert à
rien, que je suis responsable de moi, que détester porte la haine, que
l'apaisement ne s'achète pas, qu'on ne pouvait sauver
personne, qu'on ne pouvait changer que soi. J'ai lâché prise sur
l'inutile, j'ai rencontré alors la paix. Les vieux démons reviennent
parfois, je les reconnais, et je leur parle. Je leur explique que je
suis forte. Qu'avant, ils m'aidaient à m'installer en victime, mais que
cette place, je n'en veux plus, car je veux faire de ma vie un choix.
Ils me regardent étonnés, et tête baissée, ils s'en vont, impuissants.
Je leur souris, je les comprends, ils cherchent encore à exister, et je
sais que bientôt, ils comprendront qu'ils ne sont devenus que du
vent. Ils partiront vers d'autres bras, vers d'autres tours, je ne sais
quoi, je leur ferai signe de loin, et SEREINE et SOURIANTE.... je poursuivrais mon chemin ".
DES MOTS AMOUR
J'ai longtemps attendu sur le versant sud de la lumière
L'arrivée de l'aimée
Embellie des jours suspendus
J'ai imaginé sa voix
J'ai dessiné la grâce de ses mouvements
Je l'ai invitée dans mes rêves
Je l'ai habillée
Robes et kaftans d'Orient
J'ai marché sur le fil improbable du désir
Une rencontre c'est un peu de hasard
Le temps et le vide
La raison et l'absurde qui sourient
Il faut renoncer à comprendre
Prendre le train de la nuit
Les yeux fermés
Et la lumière au bout du tunnel
J'ai longtemps vécu l'espoir
Embarqué par l'illusion
Un doux mensonge à soi
Une promesse et du vent
Sur les lèvres gercées du temps
Sur le corps meurtri par l'attente
Dans la clarté des évidences
J'ai vu l'aimée
Avancer vers l'horizon où j'ai enfoui mon visage
L'ai-je vue ou imaginée
Je sais qu'elle existe
Je sais son sourire qui affole les regards
Je sais les yeux mouillés de brume
Les mains prêtes pour recevoir
Je sais qu'elle viendra un jour
Ramasser ce qui subsistera de mes solitudes
Elle m'emmènera là où on dépose
Les âmes et les armes.
Ne partager avec l'Aimée que la flamme et le rire
Jamais les failles et la tristesse
Surtout pas la solitude
L’Aimée se tient sur la cime de l'exception
Il faut lever les yeux pour la voir
Il faut lever le cœur très haut pour l'atteindre
Tahar ben Jelloun - extrait de "Que la blessure se ferme" (poèmes)