Avant
nous à travers les mêmes arbres
Le
vent soufflait, quand il faisait du vent,
Et
les feuilles ne bougeaient pas
D'une
autre façon qu'aujourd'hui.
Nous
passons, nous nous agitons, en pure perte.
Nous
ne faisons pas plus de bruit dans tout ce qui existe
Que
les feuilles des arbres
Et
le souffle des vents.
Lors
par délaissement assidu essayons
De
confier tous nos efforts à la Nature
Et de ne pas vouloir vivre plus fort
Que
ne vivent les arbres verts.
Inutiles,
les grands airs que nous nous donnons.
À
part nous-mêmes, rien de par le vaste monde
Ne
salue notre grandeur, rien
N'est
enclin à sur nous se régler.
Si
sur ce rivage, ici, mes empreintes,
Sur
le sable, la mer en trois vagues, trois, les efface,
Qu'en
sera-t-il sur la haute plage
Où
la mer est le Temps ?
de Fernando Pessoa sous l'hétéronyme de Ricardo reis