vendredi 6 décembre 2013

Nelson Mandela : une vie de combats...Hommage



Nelson Mandela s’est éteint ce jeudi à l’âge de 95 ans, à l’issue d’une vie marquée par son combat contre l’Apartheid, en Afrique du Sud. Un combat pour lequel il avait été incarcéré pendant 27 longues années et qui a fait de lui un symbole de la lutte pour l’égalité raciale, bien au-delà des frontières de son propre pays.
Elyane Vignau
Sommaire

  • L’engagement
  • De la non-violence aux sabotages
  •  27 ans derrière les barreaux
  •  Le temps de la réconciliation
  • Mandela, l’icône
  • Bibliographie
  • Définition de l’apartheid
  • Citations connues

Il rêvait d’une « nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde ». Il s’était dit prêt à mourir pour cette nation, l’Afrique du Sud, et pour l’égalité raciale. C’est finalement une infection pulmonaire qui a emporté Nelson Mandela, mais cette quête acharnée de la paix et de l’égalité raciale, y compris au prix d’une lutte armée, résume le parcours d’un homme qui tout en admirant Gandhi s’est vu contraindre de prendre les armes face aux injustices de Apartheid.




L’engagement
Nelson Mandela, né en 1918, est le premier de sa famille à recevoir une éducation occidentale. Jeune homme brillant, il poursuit ses études jusqu’à l’université où il découvre les thèses du nationalisme africain qui le conduisent, en 1944, à intégrer le Congrès National Africain (l’ANC).
Quelques années plus tard, il fonde le premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud et s’illustre dès 1952 au sein de l’ANC en organisant des campagnes de désobéissance civile. Leur objectif : dénoncer les lois de l’Apartheid qui, depuis 1948, privent les Noirs sud-africains de leurs droits les plus élémentaires.



De la non-violence aux sabotages
Plusieurs fois arrêté et incarcéré, Mandela poursuit ses actions non-violentes alors que la répression du gouvernement de Pretoria se fait toujours plus dure. En 1960, avec le « massacre de Sharpeville », c’est le tournant. Ce jour-là, la police tire sur des milliers de manifestants venus protester contre une énième loi ségrégationniste. Le bilan fait état de plus de 60 morts, dont des femmes et des enfants, et 180 blessés.
Le gouvernement sud-africain réagit aussitôt et interdit l’ANC. Mais pour Mandela, la lutte continue, clandestinement. Il abandonne quelques mois plus tard la non-violence pour créer la branche militaire de l’ANC qui prône l’action armée. C’est le temps des sabotages à la bombe contre les lieux emblématiques de l’Apartheid. Leur objectif : des attaques symboliques sans perte humaine.



27 ans derrière les barreaux
En 1962, Nelson Mandela est à nouveau arrêté et est reconnu coupable de trahison en 1964. Il est condamné à la prison à perpétuité. Il y restera 27 ans. 27 longues années pendant lesquelles sa popularité ne cesse de grandir. Partout dans le monde, il devient le symbole de la lutte pour l’égalité raciale.
C’est le président sud-africain Frederik De Klerk qui le libérera en février 1990 pour tenter de ramener un peu de sérénité dans un pays qui, du fait de l’Apartheid, apparaît de plus en plus agité en interne et de plus en plus isolé, à l’international.
A nouveau libre, Mandela participe aux négociations qui aboutiront, au printemps 1991, à l’abolition des lois ségrégationnistes. A 73 ans, c’est le combat de sa vie qui est enfin récompensé. Deux ans plus tard vient la consécration : il se voit décerner, avec De Klerk, le Prix Nobel de la Paix 1993.



Le temps de la réconciliation
Dans la foulée, le pays organise ses premières élections multiraciales : l’ANC obtient 63% des voix et Mandela devient en 1994 le premier président noir d’Afrique du Sud.
Après le temps de la lutte, vient celui de la réconciliation. Jusqu’en 1999, « Madiba » - son nom de clan - œuvre à l’émergence de cette nation arc-en-ciel dont il rêve. Mais la tâche s’avère très difficile tant le pays est encore ravagé par le racisme et la pauvreté.



Mandela, l’icône 
Depuis, Nelson Mandela s’était éloigné de la vie politique mais s’était activement engagé en faveur d’œuvres caritatives et de causes qui lui étaient chères, notamment la lutte contre la pauvreté et le sida.
Le combat politique avait aussi laissé place, dernièrement, à des combats médicaux. Il en avait déjà gagnés plusieurs : celui contre la tuberculose qu’il avait contractée en prison en 1988, puis celui contre le cancer de la prostate. Récemment, il avait été hospitalisé à plusieurs reprises pour des infections pulmonaires récidivantes. La dernière l’a finalement emportée.
Les dernières photos de lui montraient un homme très affaibli. C’est une tout autre image que l’on gardera certainement de lui : celle d’un homme déterminé mais au regard doux, saluant la foule d’un geste de la main, les yeux humides et le sourire aux lèvres. Depuis longtemps déjà, plus qu’un homme, une icône.



Bibliographie

18 juillet 1918 Naissance dans l’ancien bantoustan du Transkei.

1939 Etudes de droit à l’université de Fort Hare.

1942 Licence en droit.

1943 Prise de contact avec le Congrès national africain (ANC). Inscription à l’université du Witwatersrand pour préparer son diplôme d’avocat.

1943-1944 Création de la Ligue de la jeunesse de l’ANC, qui prône la mobilisation et les actions de masse.

1948 Promulgation de l’apartheid.

1949-1950 L’ANC adopte le programme de la Ligue des jeunes : boycott, grève, désobéissance civile et non-coopération avec le régime.

1951-1952 Mandela devient le président de la Ligue des jeunes de l’ANC et fait campagne pour l’abolition des lois discriminatoires. Il est alors arrêté, condamné et interdit de rassemblement public pendant six mois.

1956 Nouvelle arrestation avec 155 autres personnes lors d’un procès pour trahison.

 Juin 1958 Mariage avec Winnie.

1960 Massacre de Sharpeville (69 morts).

1961 Mandela est acquitté, ainsi que ses coaccusés. Il est de nouveau arrêté pendant l’état d’urgence instauré après Sharpeville. Le Congrès panafricain et l’ANC sont interdits à la suite des événements. Des actions clandestines sont autorisées par le parti. Création de l’Umkhonto we Sizwe, branche armée de l’ANC. Grève générale en mai. Réaction militaire très importante du régime blanc. Mandela entre dans la clandestinité.

1962 Voyage de six mois au Royaume-Uni et en Afrique, notamment en Ethiopie, où il suit un entraînement militaire. Retourne en Afrique du Sud, où il est arrêté pour avoir quitté illégalement le pays et avoir incité les ouvriers noirs à faire grève. Il est condamné à cinq ans de travaux forcés.

1963 Mandela et plusieurs dirigeants de l’ANC et de l’Umkhonto we Sizwe sont arrêtés et accusés de complot visant à renverser le gouvernement par la violence.

12 juin 1964 Mandela et sept autres accusés sont condamnés à la prison à perpétuité : il est emprisonné à Robben Island.

Juin 1976 Massacre de Soweto (plus de 300 morts).

1982 Transfert à la prison de haute sécurité de Pollsmoor, au Cap – confinement solitaire pendant six ans.

1988 Hospitalisé pour cause de tuberculose, Mandela retourne en prison à Paarl. Son aura et son souvenir, entretenus par l’ANC et par sa femme Winnie, ne cessent de grandir. Il devient le plus ancien et le plus célèbre prisonnier politique du monde. Parallèlement, la situation devient intenable pour le régime. La chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide aidant, la résistance s’intensifie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

11 février 1990 Nelson Mandela est libéré après vingt-sept années de détention.

Août 1990 L’ANC renonce à la lutte armée.

1991 Mandela assume la présidence de l’ANC, redevenu légal, et négocie avec Frederik De Klerk, alors président.

30 juin 1991 Abolition de l’apartheid.

Novembre 1991 Séparation de Nelson et Winnie Mandela, et divorce en 1992.

Septembre 1992 Signature des accords pour une assemblée constitutionnelle, une nouvelle constitution et un gouvernement de transition.

1993 Mandela et De Klerk reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix. Adoption de la nouvelle Constitution.

27 avril 1994 Premières élections libres : l’ANC l’emporte avec 62 % des voix. Mandela devient le premier président de la République sud-africaine postapartheid.

1995 Parution de l’autobiographie de Mandela Un long chemin vers la liberté : 6 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

18 juillet 1998 Mandela se marie pour la troisième fois, le jour de ses 80 ans, avec Graça Machel, veuve de Samora Machel.

1999 Mandela passe le flambeau à Thabo Mbeki, son vice-président.

2000 Mandela est nommé médiateur dans le conflit entre Hutus et Tutsis qui ravage le Burundi.

Janvier 2002 Ouverture du musée de l’Apartheid à Johannesburg.

 Avril 2002 Mandela s’engage dans la lutte contre le sida en Afrique du Sud.

6 janvier 2005 Makgatho Mandela, fils de Nelson, meurt du sida.

Juillet 2005 Une BD consacrée à la vie de Mandela est vendue à plus de 1 million d’exemplaires.

21 septembre 2008 Le successeur de Nelson Mandela à la présidence de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, démissionne.

15 février 2009 Mandela apporte son soutien au leader de l’ANC, Jacob Zuma, qui sera élu le 22 avril 2009.

Octobre 2009 Les archives de Mandela léguées à la fondation qui porte son nom sont présentées à la Foire du livre de Francfort. Des extraits publiés sous le titre Conversation avec moi-même sortiront au Royaume-Uni en octobre 2010.
  
Juin 2013, souffrant d'infection pulmonaire récidivante, probable séquelle des 27 années passées en prison, Nelson Mandela est placé sous assistance respiratoire, entre la vie et la mort. Son état s'étant légèrement amélioré, il est néanmoins ramené à son domicile dans un état critique en septembre de cette même année

5 décembre 2013 à 22 h 45 le président sud-africain Jacob Zuma annonce son décès lors d'une allocution solennelle. 

Définition de l'apartheid

Étymologie : de l'afrikaner, séparation, mis à part.

L'apartheid est le nom donné à la politique de ségrégation raciale conduite en Afrique du Sud par la minorité blanche à l'encontre de la majorité noire.

Mis en place en 1948 par le Parti national, l'apartheid est fondé sur le développement séparé des populations et fut pratiqué jusqu'en 1991. Il est la traduction dans les institutions d'une politique de ségrégation raciale empirique existant en Afrique du Sud depuis la création de la colonie du Cap en 1652. Cette politique est la conséquence de l'angoisse historique des Afrikaners, blancs d'origine non anglophones, essentiellement néerlandais, d'être submergés par la multitude de la population noire environnante.

La ségrégation portait sur les aspects économiques, géographiques (création des bantoustans) et sur le statut social en fonction des origines ethniques et raciales.

La population était répartie en quatre groupes raciaux distincts :
  •  les Blancs, environ 20% dont 3/5 d'Afrikaners et 2/5 d'anglophones,
  •  les Indiens (environ 3%), descendants des coolies recrutés à partir de 1860 pour les plantations de canne à sucre.
  • les Coloured (ou métis), environ 9 % de la population.
  •  les Noirs ou Bantous, près de 70 % de la population, se répartissant entre différentes ethnies, les plus importantes étant les Xhosas et les Zoulous.


Par extension, l'apartheid désigne un régime où une partie de la population subit une discrimination et une exclusion fondée sur des critères de races, d'ethnies ou de religions. Les populations ne disposent pas des mêmes droits et certains lieux ou emplois sont réservés à une partie seulement d'entre elles.


Citations connues

 L'esprit révolutionnaire de Nelson Mandela a marqué ses écrits et ses discours de paroles simples, mais qui garderont sans doute leur résonance à jamais.

Extraites pour la plupart d’un long chemin vers la liberté, elles sont autant de bonnes raisons de chercher à connaître un peu mieux ce personnage qui aura marqué le 20ème siècle.

  • Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.
  • J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre.
  • La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique.
  • Les hommes qui prennent de grands risques doivent s'attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences.
  • Une nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde.
  • Que règne la liberté. Car jamais le soleil ne s'est couché sur réalisation humaine plus glorieuse.
  • L'éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde.
  • Un cœur bon et un bon esprit forment toujours une formidable combinaison.
  • Cela semble toujours impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse.
  • Il ne peut y avoir plus vive révélation de l'âme d'une société que la manière dont elle traite ses enfants.
  • L'argent ne créera pas le succès, c'est la liberté d'en gagner qui le fera.
  • Des gens courageux ne craignent pas le pardon, au nom de la paix.
  • Tout homme ou toute institution qui essaieront de me voler ma dignité perdront.
  • Je n'étais pas un messie, mais un homme ordinaire qui était devenu un leader en raison de circonstances extraordinaires.




On vous laisse sur sa déclaration lors du procès de Rivonia, en 1964, au terme duquel il avait été reconnu coupable de sabotage, de destruction de biens et de violation de la loi sur l'interdiction du communisme en vigueur. 

Avant sa condamnation à la prison à vie, Nelson Mandela a prononcé ces mots :

« Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J'espère vivre assez pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».


Sources : internet

  • divers journaux (Libération, Le Monde, Le Nouvel Observateur)
  • Wikipédia
  • Psychologie.com
  • Culturebox




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